Kit à destination des commerçants 2024
Dans ce numéro, nous vous proposons de rencontrer Gérard Cousseau, un auteur
aux multiples casquettes, très impliqué dans l’organisation du festival.
Bonjour Gégé ! Peux-tu te présenter ?
Mon nom c’est Gérard Cousseau dit Gégé, je signe aussi Ferru, en fonction des dessins que je fais. Je suis auteur, scénariste, dessinateur, et storyboarder pour le cinéma.
Quel est ton parcours ?
A la sortie de mon bac j’avais trois possibilités. J’habitais à côté de Tour. Je pouvais
rester à Tour pour faire math sup, partir pour Angers pour une école d’électronique,
ou encore faire une école d’ingénieur à Rennes : l’INSA. J’ai pris mon compas, et j’ai choisi le plus loin de chez moi, c’était Rennes (rires). J’ai donc fait des études d’ingénieur en électronique.
Tes études ne te prédestinaient pas à un métier d’auteur, comment as-tu débuté la BD ?
Je n’avais aucunement l’intention de travailler dans l’électronique. Alors pendant mon cursus universitaire j’ai envoyé des cartes blanches au Journal de Spirou, qui ont été publiées tout de suite. A ce moment là, je me dis « pourquoi ne pas faire de la BD ?! » Je prends mon annuaire pour voir s’il n’y avait pas un dessinateur sur Rennes. Et je trouve le nom de Jean-Claude Fournier (ndlr auteur de Spirou). J’appelle et il me dit : « Viens me voir ! ». Je me rends à son atelier et je tombe sur des planches de Bizu. Il me dit : « Ça t’intéresserait de dessiner Bizu ? ». J’ai tenté l’expérience et j’ai dessiné pour lui quelques temps. J’ai proposé une série à Spirou qui s’appelait Gontran et les autres. J’ai fait 250 pages qui ont été publiées dans le Journal de Spirou. Mais j’étais très attiré pour ce qui se passait chez Fluide, Pilote etc. J’ai créé en parallèle mon journal avec Bélom, Goutal, Plessix etc qui s’appelait Frilouz. On a tiré les numéros de ce journal à 12 000 exemplaires ! Dans les années 80, Le Journal de Mickey nous a contacté Bélom et moi. Ça fait bientôt 25 ans que je travaille pour eux. On a publié environs 8000 pages. Il fallait fournir des histoires toutes les semaines : Donald, Picsou, les Rapetous, Mickey… On a créé Robert le Robot, tout un tas d’histoires ! Au début, on ne signait pas, c’était écrit ©Disney, mais dans les années 90 les choses ont changé et nos dessins n’étaient plus anonymes. Les Etats-Unis nous ont contacté car ils ont développé le concept des Bébés Disney et ils voulaient que l’on adapte la bande dessinée en France. Nous avons commencé à collaborer avec l’un des plus grands dessinateurs, Claude Marin, qui les a dessinés de façon remarquable ! Il a fait environs 900 pages.
Les scénarios des Bébés Disney étaient assez encadrés. Alors avec Bélom, nous
sommes rentrés chez Bamboo, parallèlement à notre travail au Journal de Mickey. Nous avons créé les poupons ripoux, Les Ripoupons donc (rires) ! Nous avons fait une dizaine d’albums de ça. J’ai continué à mener d’autres projets, notamment en créant un projet avec des cases de BD qui soient proches de certaines esthétiques qu’on peut retrouver dans le cinéma. Un jour, je vais déjeuner avec Franquin avec mon carton plein de dessins. Et j’attendais qu’il me demande de les voir. J’avais fait des dessins de Monsieur Tendre. Il était scotché devant ça et me dit : « ça, faut en faire un album ». J’étais sur un nuage ! J’ai cherché des éditeurs, personne ne voulait de ce projet car c’était inattendu, bizarre, pas comme d’habitude. Donc je n’ai pas trouvé d’éditeur. Puis j’en parle à un pote, éditeur de disques, pour lequel j’avais fait une quarantaine de pochettes et il me dit « je vais l’éditer ton truc ».
Monsieur Tendre voit le jour et c’est un succès inattendu. Un cinéaste m’a appelé pour l’adapter en film et j’ai eu énormément de courriers pour cette BD. Ça fait 20 ans qu’elle est sortie et il m’arrive encore d’en recevoir.
Tu fais aujourd’hui partie du comité d’organisation de Quai des Bulles, comment as-tu connu le festival ?
J’ai fait le tout premier festival. Nous étions 10 invités, à la MJC de Saint-Servan. A l’époque, Quai des Bulles s’appelait « le festival de bande dessinée », c’est original (rires). J’ai participé à toutes les éditions. On a présenté Frilouz à Quai des Bulles.
Comment es-tu arrivé à participer à l’organisation du festival ?
Et bien je concevais des expositions, tout seul de mon côté. J’avais fait une grande expo qui s’appelait Musique avec des tableaux, des machines etc. La ville de Rennes me l’a louée pour Les Tombées de la nuit, puis Quai des Bulles a souhaité l’avoir également. Je suis revenu au festival par ce biais là. Alain Goutal qui s’occupait des expositions pour Quai des Bulles à l’époque est parti et on m’a
demandé si je ne voulais pas prendre le relais. J’ai alors conçu des expos collectives. Une qui a bien marché c’est le Bib show, avec des biberons. Je suis parti de l’organisation puis le festival m’a appelé quelques années plus tard pour me proposer de réaliser une grande expo sur Uderzo. Uderzo était très heureux de ce projet. Nous sommes ensuite restés très proches.
Peux-tu nous dire sur quoi tu travailles en ce moment et quels sont tes projets futurs ?
J’ai un projet d’exposition collective mais qui est secret donc je n’en dirais pas plus, je viens de finir d’écrire un long métrage, j’ai un court-métrage en cours, trois bouquins en tant que scénariste et storyboarder pour Damien Cuvillier avec qui
j’ai fait Les souliers rouges. Puis, je travaille sur la scénographie de Chapeau bas, Spirou ! Cette grande exposition consacrée au personnage de Spirou aura lieu du 1er juillet au 14 octobre à la Chapelle Saint-Sauveur de Saint-Malo.
Merci Gégé !